L’hôtel le plus ancien du monde et son histoire fascinante

Depuis 718, certains établissements hôteliers continuent d’accueillir des voyageurs sans interruption, défiant les bouleversements politiques, économiques ou technologiques. Une entreprise familiale japonaise détient le record mondial de longévité, surpassant de nombreux monuments historiques en activité ininterrompue.

La gestion de ces lieux impose des transmissions de savoir-faire sur plusieurs dizaines de générations, souvent au sein d’une même lignée. Ce modèle rare a traversé guerres, catastrophes naturelles et changements de dynasties, tout en préservant son identité et ses traditions.

Les plus anciens hôtels du monde : témoins vivants de l’histoire

Au Japon, l’histoire ne se lit pas seulement dans les livres. Elle se vit, sous les toits d’établissements qui ont vu défiler plus de treize siècles d’invités. Le Nishiyama Onsen Keiunkan en est la plus éclatante illustration. Fondé en 705 par Fujiwara Mahito, niché au pied des monts Akaishi dans la préfecture de Yamanashi, ce ryokan détient la reconnaissance officielle du Guinness World Records : il s’agit du plus ancien hôtel du monde en activité. Ici, la vocation n’a jamais dévié : accueillir, servir, préserver des rites transmis de génération en génération. L’adresse, sans jamais se livrer aux tendances éphémères, s’est maintenue sur sa ligne de crête, fidèle à l’esprit des premiers jours.

Juste derrière lui, le Hoshi ryokan, également japonais, porte une fondation remontant à 718. Ces hôtels historiques ne se contentent pas d’afficher leur ancienneté. Chacune de leurs générations perpétue une expérience particulière, enracinant la mémoire d’un peuple dans chaque geste, chaque accueil. Qu’il s’agisse de passer le relais familial à la cinquantième génération ou d’intégrer les attentes d’une clientèle internationale, ces établissements font la démonstration d’une résilience peu commune, celle qui conjugue respect des traditions et capacité à évoluer sans jamais se renier.

En Europe, rares sont les hôtels capables d’approcher cette longévité. Le Japon, lui, a su préserver ces établissements séculaires grâce à trois piliers : une fidélité sans faille à l’esprit d’origine, un enracinement intime dans le territoire, et la transmission quotidienne de rituels. Aujourd’hui, ces maisons attirent des visiteurs venus du monde entier, séduits par la perspective d’un voyage hors du temps et d’une immersion dans la continuité d’un art de vivre ancestral.

Comment l’hôtel Nishiyama Onsen Keiunkan a traversé les siècles sans perdre son âme

Depuis 705, le Nishiyama Onsen Keiunkan n’a jamais fermé ses portes. Sa pérennité ne tient pas du hasard. Ici, la gestion familiale s’est transmise sur 52 générations, jusqu’à l’arrivée de Kenjuro Kawana, 53e directeur, qui a repris le flambeau sans appartenir à la lignée fondatrice, mais dans le même esprit. S’adapter, toujours, refuser l’immobilisme sans sacrifier l’essentiel : la recette a permis à l’établissement de traverser guerres, tremblements de terre et trois déménagements imposés par les aléas de la nature, sans jamais rompre le fil du récit.

Aujourd’hui, le Nishiyama Onsen Keiunkan propose entre 30 et 37 chambres. L’atmosphère reste fidèle à l’âme des auberges japonaises traditionnelles : tatamis, futons, cuisine locale, et bien sûr, les sources thermales naturelles (onsen). Certaines chambres disposent de bains privés avec vue directe sur les monts Akaishi ou la rivière, tandis que des aménagements récents répondent aux attentes d’une clientèle toujours plus diverse. Charmes ancestraux et confort moderne cohabitent sans fausse note.

Quel est le fil conducteur de cette longévité ? Savoir évoluer sans vendre son âme. L’établissement a introduit des touches de raffinement discret, mais l’esprit du lieu n’a jamais été dilué. À 250€ la nuit en moyenne, avec une évaluation de 9,3/10 sur Booking, le Nishiyama Onsen Keiunkan attire les voyageurs en quête d’une expérience unique, de calme et d’équilibre. Chaque séjour s’inscrit dans la continuité d’un récit millénaire, porté par une hospitalité qui s’enseigne comme une discipline, presque comme une mission.

Salle tatami japonaise avec vue sur jardin intérieur paisible

Anecdotes et héritages : récits fascinants autour de ces établissements légendaires

Au fil des siècles, le Nishiyama Onsen Keiunkan a accueilli des hôtes qui ont marqué l’histoire du Japon. Dès le XVIe siècle, Tokugawa Ieyasu, l’unificateur du pays, fondateur du shogunat du même nom, est venu chercher la sérénité dans la vapeur des onsen. Takeda Shingen, autre figure emblématique, a également séjourné dans ces murs, tout comme de nombreux empereurs, samouraïs et moines dont le passage a laissé, parfois, plus que de simples souvenirs.

La durée de vie exceptionnelle du lieu ne s’explique pas seulement par la gestion avisée ou l’art d’anticiper les mutations. Il y a aussi le goût du secret, l’art de la discrétion, cultivés au fil des générations. On raconte que certains samouraïs, en quête de quiétude, faisaient détourner les sources thermales vers leurs propres chambres, s’offrant ainsi une parenthèse de purification avant de repartir livrer bataille. D’autres, moines reclus, venaient s’isoler dans le silence minéral des monts Akaishi, méditant plusieurs semaines d’affilée.

Quelques figures emblématiques ont marqué l’histoire du Nishiyama Onsen Keiunkan :

  • Tokugawa Ieyasu, shogun du XVIe siècle, venu séjourner pour se ressourcer avant de prendre des décisions majeures.
  • Takeda Shingen, daimyo de la même époque, qui appréciait le calme du ryokan après des campagnes militaires éprouvantes.
Nom Période Rôle
Tokugawa Ieyasu XVIe siècle Shogun, hôte du Nishiyama Onsen Keiunkan
Takeda Shingen XVIe siècle Daimyo, hôte du Nishiyama Onsen Keiunkan

La transmission orale occupe une place centrale dans la mémoire de ces établissements. On raconte encore les confidences d’empereurs, les stratégies murmurées par des chefs de clan, les prières silencieuses des moines. Ces histoires, portées par le grain du bois et le parfum des tatamis, donnent au Nishiyama Onsen Keiunkan une dimension unique : celle d’un témoin vivant, où chaque visiteur devient à son tour, le temps d’un séjour, un fragment de l’aventure. Rares sont les lieux où l’on peut, littéralement, dormir dans l’Histoire.